Planche à tréteaux
Cercle de correspondance LTN
Compte-rendu du 5 mai 2020
La réunion virtuelle est ouverte à 18h, présidée par le Vénérable Maître du jour, Marie C. assistée par du Secrétaire, Philippe D, et du Webmaster, Jérôme M., réunissant jusqu'à 53 membres des LNFU.
L’ordre du jour de cette 6e PAT est rappelé en début de séance :
“Etre un jeune Maçon aux LNFU” (introduction par le VM)
Interview d'un Maçon confiné : Robert Guinot
A 19H11 : une santé commune "en ligne" aux Soeurs et Frères absents.
Une synthèse a été publiée dans le bulletin de La Truelle Numérique n° 26.
Etre un jeune Maçon aux LNFU
Introduction par le Vénérable Maître du jour Marie C.
Je vous avoue que lorsque Jérôme m’a proposé d’être le VM du jour, et que j’ai accepté, ma première réflexion a été : « dans quelle panade as-tu été te mettre et mais pourquoi tu as accepté ça alors que tu es compagnon et avec seulement 1 an et demi de maçonnerie dans les pattes» ? Et puis, je me suis rappelée ce que j’avais ressenti le jour de mon initiation de la part de mes FF et SS et qui m’avait vraiment émue car on le trouve de moins en moins dans le monde profane et c’est la bienveillance. Alors c’est à elle que je fais appel ce soir encore...
Ce n’est ni un sujet symbolique ni historique que je souhaite aborder avec vous ce soir mais c’est plutôt l’envie de partager avec vous un ressenti, un peu comme des “impressions” d’initiation mais là ce sont les “impressions” d’un compagnon en cours de déconfinement professionnel sur le sujet “Etre un jeune maçon aux LNFU”.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un “jeune” maçon? Après un petit parcours habituel sur les étymologies et définitions de ce mot, j’ai choisi d’en retenir 3, qui me semblent adaptées au propos de ce soir.
Le premier est que l’on considère comme « jeune » ceux qui sont moins âgés que la moyenne des membres.
Le deuxième sens parle de ceux qui débutent dans un domaine ou une activité, en l’occurrence dans la Franc-Maçonnerie et aux LNFU.
Le troisième parle des personnes présentant les caractéristiques de la jeunesse telles que la fraîcheur et la spontanéité, qui sont à n’en pas douter d’après ce que j’en vois bien présents aux LNFU
Et c’est finalement ces membres qui possèdent tout ou partie de ces caractéristiques que l’on peut nommer “jeunes” maçons.
Pourquoi la Franc maçonnerie et aux LNFU ?
Pour ma part, c’est une histoire de rencontre humaine avant tout. Car c’est la maçonnerie qui est venue à moi au travers d’un ami proche, frère en sommeil actuellement et qui sans le savoir m’a recommandé auprès d’un autre ami qui n’est autre que Dominique.
Pourquoi vouloir rejoindre les franc maçons? Et la réponse fut simple pour moi: je n’en avais aucune idée mais c’était comme si tout mon être me disait que c’était le chemin à suivre.
J’étais confiante de me lancer dans cet «inconnu», confiante d’être entourée de bienveillance, confiante car si la vie/le destin ou tout autre mot adapté m’avait amené à cet instant, ce n’était que pour du positif.
Et c’est tout naturellement que j’ai rejoint peu après sa création l’Anglaise, étant la 3e apprenti initiée dans cette Loge et que j’ai commencé ce que j’aime à qualifier d’ «aventure». Je ne sais pas si vous le savez mais aventure vient du latin «aventura» qui signifie «choses qui doivent arriver”. Alors je crois que c’est de circonstance.
Et en découvrant petit à petit le paysage maçonnique français, je sais encore aujourd’hui que je suis au bon endroit.
Les LNFU : une histoire de génération...
Quelques chiffres pour illustrer mon propos :
Aux LNFU, la moyenne d’âge des maçons est de 56 ans
De la Loge avec la moyenne la plus basse, 41 ans (pour la Marseillaise de Saint Jean n°27)
A celles avec la moyenne la plus haute, 67 ans (pour la Rose et le Houblon n°5 et les Amis à l’Epreuve n°12)
On peut donc considérer que les “jeunes” maçons sont ceux de moins de 40-45 ans.
Ce qui correspond tout à fait à l’existence du Lewis Club qui rassemble les maçons de moins de 42 ans avec pour objectif de connaître mieux la Franc-maçonnerie et les 3 rites, de développer la bienfaisance, d’organiser des colloques et séminaires, d’imaginer publier un jour dans Renaissance Traditionnelle et surtout de s’amuser et de sceller une amitié enrichie par du travail collectif.
Quelques chiffres supplémentaires :
Au sein des LNFU, l’âge maçonnique moyen est de 14 ans
allant de 5 ans (pour L’Anglaise n°6)
à 28 ans (pour Jean-Théophile Désaguliers n°1).
Depuis la création de la LNF, il y a 52 ans, coexiste maintenant au sein des LNFU environ 3
générations :
la 1ère génération que l’on pourrait appeler les “Anciens” qui ont pour certains peut être côtoyé les fondateurs de la LNF et qui ont plus de 25-30 ans d’âge maçonnique
la 2eme génération que j’appellerais “génération intermédiaire” qui pratiquent la maçonnerie depuis 15-20 ans
et enfin la 3eme génération avec moins de 10 ans d’expérience qui sont un peu les “petits-enfants” et les “Modernes” de cette famille obédientielle.
En tant que jeune maçon, c’est très naturellement auprès de ces générations que nous venons nous nourrir de l’essence des LNFU.
Car si pour comprendre la Franc Maçonnerie Traditionnelle il est important de comprendre l’Histoire de la Maçonnerie Anglaise, Écossaise, Irlandaise du XVIIIe siècle et même avant, il semble tout aussi important pour comprendre les LNFU de comprendre son histoire au travers de ceux et celles qui en sont à l’origine et celles et ceux qui nous transmettent cette connaissance.
Le confinement est pour tous l’occasion que ce soit par les Planches à Tréteaux, par la diffusion de la Truelle Numérique et les Santés du Dimanche matin de tisser ce lien intergénérationnel et au-delà de notre Loge et de notre région Grand-Sud.
Quel regard cette nouvelle génération pose sur les autres générations ?
Ces 2 générations inspirent tout d’abord Le premier regard le respect car il suffit bien souvent d’écouter parler nos FF et SS pour immédiatement se rendre compte du niveau de connaissance des sources et fondements de la tradition maçonnique. Et c’est un réel plaisir de découvrir ainsi la Querelle des Anciens et des Modernes, la vie de Jean-Théophile Désaguliers ou plus récemment de René Guilly exposées en général avec passion et plaisir.
Et c’est donc une forte envie d’apprendre auprès d’eux que ce soit l’histoire de la maçonnerie, des LNFU et le symbolisme mais encore plus comment la maçonnerie les a fait évoluer dans leur vie. C’est un peu comme des petits enfants qui adorent écouter les anecdotes de leurs aînés. Et le confinement est une réelle occasion pour tous de découvrir ces petits bouts de vie maçonnique, en particulier au travers des interviews.
Mais c’est également une certaine volonté doublée d’une peur irraisonnée d’être à la hauteur du chemin tracé par nos aînés et de faire “aussi bien” mais différemment. Et je pense que le confinement est encore une fois un révélateur de l’implication des jeunes avec le bel exemple de la rédaction de la Truelle Numérique.
Après avoir partagé mes impressions de jeune compagnon confiné sur ma courte vie maçonnique, vie dans la plus jeune loge des LNFU puisque nous n’avons même pas 2 ans d’existence, j’espère que d’autres jeunes FF et SS pourront également partager leur vision.
Mais également des moins jeunes pourront également le faire qu’ils sont des maçons vieux ou des vieux maçons!
Echanges collectifs
La parole est donnée à notre sœur Frédérique F. qui se reconnait dans cette présentation.
Marie-Françoise B. indique faire partie des plus anciens et mesure la responsabilité importante de transmission.
Notre frère Michel B de Carcassonne, interroge notre VM : Maçon vieux ou vieux maçon, quelle définition ? Marie précise : Il y a la question de l'âge, on peut être considéré jeune par son age civil, mais on peut être un jeune maçon à 60 ans, car initié récemment, le vieux maçon ayant une expérience maçonnique importante.
Guillaume P qui se sent à la fois maçon jeune et jeune maçon, partage ces échanges, et insiste sur la singularité des LNFU où tous quel que soit leur âge maçonnique ou civil travaillent ensemble. Le confinement nous offre une chance de nous retrouver et travailler en commun. Guillaume salue la présence nourricière de Pierre P et Hubert F à Bordeaux. Le Lewis club ne serait rien sans l'apport des anciens, et les LNFU sans les jeunes maçons ne seraient pas devenues ce qu'elles sont aujourd'hui. Tout ceci nous fait nous sentir chez nous au sein de cette obédience, avec un aspect familial que chacun apprécie.
Manuela L témoigne à son tour, notamment sur le côté familial, j'ai été initiée en 09.2019, et j'ai le même ressenti sur la transmission inter-générationnelle. Par ailleurs, j'ai été marquée lors de mon initiation par l'épreuve des yeux bandés, où l'on se laisse aller à faire confiance à son guide, qui nous prend par la main, nous montre que nous devons à cet instant faire aveuglement confiance, dans un endroit inconnu, et sans voir nos interlocuteurs. Tous nos sens sont en éveil, et c'est inhabituel, on entend chaque mot, intonation, bruit... Il en ressort un guidage bienveillant. Nos tenues sont une parenthèse dans un quotidien chargé.
Le frère Rolland M précise que c'est un grand-père qui parle, et qu'il est dans la génération du milieu, avec 23 ans en franc-maçonnerie. Il est très agréable d'entendre une jeune maçonne nous confier ses ressentis.
Ronan confie que le sujet de l'âge civil l'inquiétait beaucoup avant son initiation, et en réalité la maçonnerie est un lieu social où l'âge profane n'est pas un sujet. J'y suis entré à 22 ans, personne ne m'a embêté avec cela, il n'y a jamais eu de délégitimation. Lorsque l'on s'intéresse à l'histoire, on remarque que de nombreux maçons célèbres le sont devenu jeunes : La Fayette, Willermoz. A l'inverse il n'y a pas de fétichisation de l'âge : la personne est jeune, donc c'est forcément bien. Enfin, on peut pratiquer des amitiés spirituelles au-delà des âges, dans des relations profondes de partage, par la pratique de la maçonnerie traditionnelle libre, j'ai ainsi une expérience enrichissante avec un frère avec lequel nous avons 60 ans d'écart. Marie confirme que cet enrichissement réciproque entre générations est bien présent aux LNFU, ce qui est assez différent de la vie profane...
Frédéric G revient sur la mixité et demande à notre VM si cela a pesé dans son choix ? De son côté il est né à la GL-AMF et souligne les spécificités avec les LNFU : la mixité, la richesse dans la qualité des travaux de recherche, et une culture de l'histoire. Le confinement est agréable au moins sur un point de vue, car il permet de découvrir d'autres SS et FF d'Orients différents. Marie C nous confie que la mixité lui paraissait évidente , et ne se voyait pas rejoindre une Loge composée uniquement de sœurs, selon elle la mixité fait partie de l'enrichissement mutuel, tout comme le mélange des générations.
Daniel L, notre plus jeune membre des LNFU, depuis peu admis à l'Anglaise N°6, vient d'une autre obédience. Il y ressent un vrai dynamisme et considère avoir trouvé quelque chose qui correspond à sa question, est-ce que l'on n'est pas toujours jeune lorsque l'on remet notre travail sur le métier ?
Maxime M : Je suis un jeune maçon des LNFU, malgré ma barbe blanche, je suis donc jeune maçon et j'ai été affilié le 01.04.2017, cela a été extraordinaire pour moi. Une maxime m'accompagne souvent : "il n'y a point de plus grande seigneurie que celle de soi même, et de ses passions, et c'est là qu'est le triomphe du franc-arbitre", attribuée à Baltasar Gracian, il y a là l'esprit des LFNU, avec la volonté d'agir ou de ne pas agir . Par ailleurs, je n'ai jamais ressenti autant de convivialité qu'aux LNFU.
Thomas F. (impressionnant dans son uniforme) : J'ai 36 ans et je suis très content de voir autant de jeunesse dans notre groupe. Je mesure avec quel entrain les aînés nous accompagnent, en vue de transmettre le flambeau à notre tour.
Nicole G. félicite notre VM du jour, et souligne que pour une jeune maçonne elle a été très pertinente.
Adelon se retrouve dans de nombreux échanges : la bienveillance qui nous accompagne depuis notre initiation, une aventure commune, je ne sais pas dire ce qu'est la franc-maçonnerie, même en lisant des livres, je n'ai qu'un an de pratique et je trouve que le rite est très fort, il y a toujours quelque chose à apprendre... Manuela parlait du bandeau lors de l'initiation, et bien je trouve qu'il y a un bandeau devant nos yeux qui se lève à mesure que nous découvrons la franc-maçonnerie. C'est un apprentissage de patience et d'humilité.
Notre GM Roger D, (qui nous convainc tous, sauf sa caméra qui refuse de se déclencher, mais est-ce si fortuit ?) se charge de conclure provisoirement, il laisse en premier lieu la parole à Cathy, notre Assistant GM : (Auparavant , Roger D précise : notre assistant GM qui est responsable du Lewis Club, est ce soir ivre de joie...). Cathy félicite Marie C. pour la grande qualité de son travail et sa facilité lors de l'animation de nos échanges. Marie, tu as compris beaucoup de choses, et de nombreuses autres se dévoileront tout au long de votre vie...C'est important d'entrer jeune en maçonnerie, d'autant plus, dans une obédience qui dispose d'un grand patrimoine culturel. C'est une lourde charge pour vous, car ce patrimoine va être déposé au creux de vos mains, en toute sérénité, et nous les plus anciens vivront bien cela dès lors que vous prendrez en charge tout ce que nos anciens ont vécu, accumulé de documents, fait circuler comme esprit... Je connais les FF de la LNF depuis plus de 12 ans. J'ai rencontré, ce dont j'avais toujours rêvé, des gens bienveillants, et comme tous les grands, humbles, et très cultivés. L'avantage, nous sommes 300, et nous pourrions tous nous appeler par nos prénoms et nous connaître, car 300, ce n'est pas beaucoup...Par ailleurs, il est essentiel d'assurer la transmission. Jérôme ne dira pas le contraire, lui qui fait partie de ces quarantenaires, rares dans l'obédience, et qui est dans cette "middle class", cet âge qui est entre les 2 âges, entre vous les plus jeunes, dont certains ont 25 ans et qui viennent de rentrer, et nos plus anciens. La transmission ne peut pas être prise en charge uniquement par les anciens, la transmission doit aussi être réalisée par cette middle génération, j'y mets Jérôme, Philippe, Dominique, etc, qui vont se charger de vous transmettre...La mission n'est pas facile, car nous sommes des nains sur les épaules des géants, mais si vous avez l'amour entre vous, cela fonctionnera. Ainsi, lorsque nous allons décider avec Roger de venir à vous visiter à Marseille, par exemple, je suis persuadée qu'il y aura des sœurs et des frères qui vont s'arranger pour nous rejoindre, quels que soient leurs orients, car ils nous auront vus dans cette période de confinement. A ce propos, nous remercions Jérôme et Philippe pour cette possibilité de créer du lien entre les orients, et entre les sœurs et frères, dans cette période de solitude et de difficultés. Je te remercie Marie, car ce que tu as dit était fabuleusement beau, et je laisse la parole à notre Grand Maître, Roger :
Tout d'abord, je vais vous apporter le témoignage d'un maçon doublement vieux, d'abord parce que j'ai dépassé l'âge qui permet de dire que l'on est encore jeune, du fait de mon âge civil, et parce que cela fait 40 ans que je fréquente la maçonnerie. En effet, j'ai été initié à 25 ans et je porte toujours le même regard, qui consiste à avoir le désir de comprendre et d'approfondir la franc-maçonnerie, toujours davantage. Les LNFU qui existent depuis 2018, sont la transformation de la LNF, créée en 1968. Ce ne sont pas les LNFU d'il y a deux ans qui sont respectées, et reconnues, c'est la LNF d'il y a 50 ans qui est respectée ! Nous avons compris à un moment que pour survivre il fallait de temps en temps changer, changer de peau, faire un nouveau pas, qui permettait à un travail initié il y a plus de 50 ans, d'avoir des chances de se poursuivre dans 50 ans. Cette transformation-là a été les Loges Nationales Françaises Unies. Je suis assez surpris parce que le projet au départ n'était pas forcément unanime, je suis surpris de l’extraordinaire enthousiasme que cela a suscité. Les rares qui pouvaient avoir quelques hésitations, ne peuvent plus en avoir lorsqu'ils voient ce que cela a produit. Je n'ai jamais vu la LNF dans cet état-là, avec cet enthousiasme, fondant des projets, développant des initiatives ! Nous faisons mieux que nos aînés, transmettre la tradition, cela ne consiste pas à conserver des cendres, cela consiste à entretenir la braise ! C'est émouvant de voir et d'entendre ce que nous partageons. Enfin, on peut comprendre qu'une génération nouvelle s'interroge et se dise, est-ce que ce fardeau ne sera pas trop lourd à porter ? Il ne le sera pas trop, parce que nous, les vieux, c'est à dire d'anciens jeunes, nous avons reçu un fardeau des fondateurs, qui nous apparaissait encore plus himalayen car nos plus anciens étaient peut-être moins bienveillants avec nous, que nous le sommes avec les plus jeunes, parce que ce n'était pas la même génération. Nous devons savoir si il y a une volonté de transmettre et de remettre entre les mains d'une génération nouvelle ce qui a été fait depuis 50 ans. On subsiste dans l'éternité en donnant aux plus jeunes, qui doivent en faire quelque chose de mieux et de plus grand. Nous avons fait notre part à l'égard des fondateurs, et je suis convaincu que ce sera le cas pour la génération nouvelle. L'enthousiasme qui se manifeste impose à ceux qui sont les plus anciens le devoir de préparer les outils qui permettront de faire que dans 30 ans, lorsque j'assisterai à un anniversaire, le 80ème anniversaire des LNFU ; je pourrai me dire "Nous n'avons pas travaillé en vain" ! C'est un immense plaisir d'entendre ce que nous avons partagé ce soir.
Interview d'un Maçon confiné
Le maçon confiné du jour est notre frère Robert G.
Etes-vous un maçon vraiment confiné ? Je le suis bien évidement, les Constitutions d'Anderson et nos serments nous obligent à respecter la loi de façon scrupuleuse.
Quelles sont vos lectures maçonniques préférées ? Aucune, je lis beaucoup de choses, depuis de très nombreuses années, avec une base de Renaissance Traditionnelle très importante, où je vais d'un volume à un autre avec plaisir.
Quel livre maçonnique avez-vous le plus usé ? Ce n'est pas un livre de maçonnerie, mais un autre qui m'a beaucoup marqué, il s'agit des "Etudes symboliques Chrétiennes" de Louis Charbonneau-Lassay, qui m'a donné à lire dans la dentelle, il y détaille toute la symbolique chrétienne, dans de nombreuses représentations, et j'ai lu les 650 pages en entier. Cela m'a permis de lire aujourd’hui dans la précision et le détail.
Avez-vous répété des cérémonies dans cette période ? Je n'ai pas répété de cérémonies, j'ai travaillé sur des instructions. Personnellement je ne suis pas tellement favorable aux répétitions, car les résultats que j'en ai vu n'étaient pas probants. Je préfère que chaque officier fasse ce travail pour son propre office, et qu'ensuite nous nous retrouvions. Et il faut laisser une part de légèreté dans une cérémonie.
Faut-il avoir tout compris à la franc-maçonnerie pour l’apprécier ou bien faut-il parfois n’y rien comprendre pour apprécier la découvrir ? On découvre, et quand on découvre, notamment dans un passage de grade, on est une éponge, on doit tout absorber lors des cérémonies, on a le temps de mentaliser ensuite. Pour avancer en maçonnerie, il faut travailler, approfondir, structurer sa pensée. Edgar Morin parle de la pensée complexe : regarder un sujet sous tous les angles, la maçonnerie doit s'emparer de cette notion de pensée complexe.
Quel instant de la vie maçonnique en Loge vous manque le plus actuellement ? Le contact direct, la fraternité, les échanges, me manquent le plus.
Quel est le plus grand regret de votre vie maçonnique ? Je n'ai pas de regret, ou plutôt si, étant jeune maçon en 1991, je n'ai pas trouvé ce que l'on fait aux LNFU et rencontrer des frères et sœurs capables de m'accompagner dans ma démarche. Je me suis posé beaucoup de questions, allant jusqu'à emprunter des rituels (ce qui n'était pas autorisé dans mon obédience de l'époque), pour les imprimer et les comprendre.
Quel est votre plus beau souvenir maçonnique ? A la suite de mon initiation, à Memphis-Misraïm, nous avons changé de loge, et lors de la première tenue, nous tournions dans la pénombre, autour du tableau avec une musique, et là j'ai compris que j'avais retrouvé la foi et depuis je ne l'ai jamais perdue, car tout ce qui est politique et idéologique dans la religion venait de s'en aller, pour m'amener vers une intériorité.
Quel mot représente le mieux la Franc-Maçonnerie ? La fraternité, je le dis souvent, je n'ai pas d'amis, je n'ai que des frères et des sœurs. Pour moi la fraternité, c'est le respect de l'autre dans son évolution, ce qui permet de toujours garder une distance critique, et de rester bienveillant.
Existe-il encore un grade que tu souhaiterais avoir ? J'en ai eu beaucoup. J'ai parcouru beaucoup de systèmes en tous sens, et je pense que c'est ce qu'il faut faire. Je suis ouvert à toute nouvelle expérience.
Si tu ne pouvais pratiquer qu'un grade, lequel serait-ce ? Il n'y a pas un grade que je préfère, ce que je préfère c'est la maçonnerie. En franc-maçonnerie je suis à l'aise partout, il est nécessaire de vivre une cérémonie avec émotion et une certaine naïveté.
A quelle époque maçonnique aurais-tu souhaité vivre ? Aujourd'hui. Il n'y a rien de mieux qu'aujourd'hui, la période dans laquelle nous vivons. Nous n'avons plus de problèmes avec la médecine, la douleur ne représente plus ce qu'elle était. Nous avons beaucoup de moyens confortables, je me souviens que mon père se lavait à l'eau froide, et nous disposons d'outils formidables, comme la Visio-conférence que nous utilisons aujourd'hui. Je ne vis ni dans le passé, ni dans un futur lointain, mais dans un futur proche, cela m'a permis d'être au combat en permanence.
Si tu devais partir sur une île déserte, quel décor maçonnique prendrais-tu ? Peut-être celui de CBCS. C'est le décor qui me couvre (physiquement) le mieux !
Quelle est ta vision idéale des LNFU dans 50 ans ? Et plus particulièrement dans le sud, et la pire ? Un rêve : que les LNFU n'existent plus, cela voudrait dire que le maçonnerie a fait sa conversion. Je regrette très souvent que la maçonnerie française soit un état de délabrement considérable. Si cela ne se produisait pas, (cette conversion), et cela paraît difficile que cela se réalise, je souhaite que les LNFU gardent toujours cet esprit de compréhension de ses origines et poursuive ce travail. J'ai créé le Grand Sud, avec d'autres frères, en ai été le moteur, et ce que je voudrai est qu'il soit toujours à la hauteur des LNFU.
Une dernière question de Jérôme : Si tu devais choisir une autre région des LNFU laquelle serait-ce ? Dans ma vie professionnelle, je me suis souvent éloigné, hors de Marseille, je me suis retrouvé au Portugal, en République Tchèque, en Suisse, où il était prévu que je finisse ma carrière. J'ai pu revenir sur Marseille et je ne la quitterais que difficilement. En tant que Président de la LNF, j'ai aimé toutes les régions et tous les frères, et aujourd'hui j'aime beaucoup les visites à Carcassonne.
Dominique S prend la parole pour nous faire part de son émotion, car il est le parrain de Marie C et le filleul de Robert G, et a retrouvé ces notions de transmission qui nous sont chères, il porte la première santé à Émulation à notre VM du jour et à Robert G.
Une dernière santé particulière est portée pour notre sœur Cathy, qui a fédéré les jeunes autour du Lewis Club.